Les lecteurs attentifs auront remarqués que je me suis arrêté à 3 dans le décompte de mes 5 défis viennois. Il est donc plus que temps, un mois après mon installation, de continuer avec les deux derniers... et non des moindres.
Le quatrième parle de "finir un livre"...
Avant de parler plus avant de l'écriture, dans une autre entrée, peut être, je vais vous laisser méditer sur l'extrait suivant de Milan Kundera, issue de l'excellent "Livre du rire et de l'oubli" :
" [...] me rappelle un vers [...] de Goethe : ' Est-on vivant quand vivent d'autres hommes ?'
Dans la question de Goethe se dissimule tout le mystère de la condition d'écrivain : L'homme, du fait qu'il écrit des livres, se change en univers [...] et le propre d'un univers c'est justement d'être unique. L'existence d'un autre univers le menace dans son essence même. [...]
Celui qui écrit des livres est tout (un univers unique pour lui-même et pour tous les autres) ou rien. Et parce qu'il ne sera jamais donné à personne d'être tout, nous tous qui écrivons des livres, nous ne sommes rien. Nous sommes méconnus, jaloux, aigris, et nous souhaitons la mort de l'autre. En cela nous sommes tous égaux : Banaka, Bibi, moi et Goethe.
L'irrésistible prolifération de la graphomanie parmi les hommes politiques, chauffeurs de taxi, [etc ...] et les malades me démontre que tout homme sans exception porte en lui sa virtualité d'écrivain en sorte que toute l'espèce humaine pourrait à bon droit descendre dans la rue et crier : Nous sommes tous des écrivains !
Car chacun souffre de l'idée de disparaître, non entendu et non aperçu, dans un univers indifférent, et de ce fait il veut, pendant qu'il est encore temps, se changer lui-même en son propre univers de mots.
Quand un jour (et cela sera bientôt) tout homme s'éveillera écrivain, le temps sera venu de la surdité et de l'incompréhension universelles."
Milan Kundera - 1978 - "Kniha smichu a zapomneni"
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